« Son frère l’avait appelé un matin, tôt. Jean-Noël avait immédiatement reconnu sa voix. Assis dans le fauteuil crapaud de l’entrée de son appartement, le téléphone portable collé contre la joue, Jean-Noël avait senti son pouls s’accélérer. Ils ne s’étaient pas parlé depuis près de trente ans. Sur sa peau, les poils de ses bras s’étaient redressés. Un picotement la parcourait. Il avait laissé Michel parler. Leur père allait mal. Il devait venir. À ces mots, il avait eu l’impression désagréable que des importuns étaient entrés chez lui. Des corps, des odeurs, des paysages dont il ne souhaitait pas la présence. Mais qui étaient là pourtant. De retour. Qui s’imposaient. D’une phrase polie, il avait remercié son frère. Puis il avait raccroché. Sans rien dire de ses intentions. Deux jours plus tard, il prenait la route. »
Quand il avait à peine dix-huit ans, un drame a contraint Jean-Noël à quitter sa famille. Trente ans après, il revient enfin sur les lieux de son enfance. Pendant six jours d’un été caniculaire, il va devoir affronter un passé qu'il a longtemps tenu à distance, tandis que la forêt les cerne de sa présence inquiétante.