Léka est le cadet des quatre enfants d’un couple de commerçants de Tirana. La mère, femme fruste et sans tendresse, mène le foyer ; le père, sensible et faible, est confit en religion. Petit garçon imaginatif et livré à lui-même, Léka se réfugie dans un monde de rêves et de fantaisie. Brutalement, bruits de bottes : l’école ferme, c’est l’invasion fasciste. L’enfant ouvre les yeux tout grands, tente de comprendre. Et sa nature ardente, sa soif d’héroïsme lui font d’emblée embrasser la cause patriotique. À dix ans, il s’enfuit tout seul de Tirana, rejoint la résistance ; trop jeune pour être pris au sérieux, il s’en retourne chez lui, déçu mais en héros. Deux ans plus tard, le voilà dans les montagnes, messager entre les résistants et l’état-major communiste, fusil au poing et mêlé aux combats. Victime de sa témérité, Léka est capturé à Tirana par la milice ; jeté en prison, torturé, il fait preuve d’un extraordinaire courage. Puis c’est le camp de concentration nazi de Pristina, des mois de bagne et de faim où seule l’affection de ses compagnons de misère le soutient, jusqu’à la « nuit des fusillés », nuit d’horreur où, gracié lui-même à cause de sa jeunesse, il les entendra tomber un à un derrière le baraquement du camp. La guerre terminée, son retour à Tirana, à sa famille et au monde se fera dans l’atroce solitude d’une expérience incommunicable.
Cette œuvre autobiographique est un témoignage authentique des événements de la Seconde Guerre mondiale en Albanie, passés au crible naïf et épique d’un enfant éprouvé dans sa chair et dans son cœur. Ce vécu tragique atteste une fois encore de la turbulente histoire des Balkans.